CAHIER D’EXIL : Jacob, exilé afghan : « l’accompagnement de Metishima du soutien moral à l’insertion socioprofessionnel »

Arrivé en France en 2017 en provenance d’Iran, Jacob est un jeune Afghan exilé, âgé de 30 ans. Il a toujours vécu en Iran avant d’être obligé de quitter ce pays, en laissant derrière lui toute sa famille.

Jacob exilé afghan, en pause à son nouveau travail
Photo de Jacob prise lors de sa pause à l’hôtel Pullman

Un contexte politique, cause de nombreux départs

Les mouvements de contestation au pouvoir de Bachar Al-asaad ce sont déclenchés le 15 mars 2011, à Deraa (sud). Ils avaient causé en quelques mois environ 5 000 morts Syriens, selon Ouest France dans un article du 10 mars 2021.  L’on assistait à la descente dans les rues de plus en plus d’opposants souvent armés qui affrontaient les forces gouvernementales. Cette situation plongea la Syrie dans une guerre civile en 2012. Pour faire face à cette opposition de plus en plus nombreuse et armée, le leader syrien a eu recours à ses alliés dont l’Iran. Il est important de rappeler à cet effet que le lien entre l’Iran et la Syrie peut s’observer sur le plan politique, et qu’il date de la révolution iranienne de 1979. En effet, les deux pays avaient procédé au rejet de l’Irak de Saddam Hussein et d’Israël. Cette coopération s’est renforcée durant la guerre ayant opposé l’Iran à l’Irak entre 1981 et 1988, et pendant laquelle la Syrie a été le seul État arabe à soutenir l’Iran.

Concernant la guerre civile en Syrie, l’intervention de l’Iran se manifestait par un engagement financier et militaire aux côtés du régime syrien et ses partenaires. Pour assurer cette coopération militaire, de nombreux jeunes des villes iraniennes étaient enrôlés dans des groupes armés. Ils devaint rejoindre les alliés de Bachar Al-assaad en Syrie. En cas de refus, ces derniers étaient conduits de force dans les prisons iraniennes. Ils y subissaient de violents sévices corporels conduisant parfois à la mort.

L’exil, solution face à la guerre

C’est dans ce contexte de manipulation et de violence que Jacob, tout comme d’autres jeunes, sera obligé de fuir ce pays dans lequel il a passé toute son existence jusqu’ici, de peur d’y laisser sa vie. Pour avoir refusé de mener un combat ou une bataille qu’il considère injustifié, et qui a lieu au-delà des frontières iraniennes, Jacob est obligé de quitter sa famille et ses amis pour une destination inconnue pour se protéger.

Le parcours migratoire et ses réalités

Jacob en exil : il est embarqué dans un bâteau migratoire vers la Turquie
Jacob embarqué dans un bâteau migratoire vers la Turquie

Le voyage vers l’inconnu n’a jamais été chose aisée. C’est dans cette incertitude que Jacob se lançait dans un périlleux exil au cours duquel il rencontrait d’énormes difficultés, souvent atténuées par de rares moments de joie. Cette quête pour la survie, qui a duré une année et demie, conduisit Jacob, déjà exilé, vers différents pays dans lesquels il fit face à diverses réalités. Ainsi, de l’Iran le point de départ, vers la Turquie, Jacob connut la dure réalité du monde des « passeurs » où il perdit presque toutes ses économies.

La vie en Turquie était d’autant plus difficile que Jacob était en manque de ressources financières. Il affirmera : « j’ai vécu l’enfer là-bas. En plus, il n’y avait pas de travail ». Au manque de ressources financières s’ajoutaient les arrestations inopinées. Elle étaient orchestrées parfois par la police et leurs complices pour extorquer de l’argent aux immigrés. En Turquie, Jacob avait également été victime de quelques violences physiques et d’autres difficultés. Elle le poussaient à nouveau à se déplacer et aller en Autriche. Jacob dira : « à partir de là, j’ai connu moins de violence ».

Cependant, il reconnaît avoir fait face à certains moments, à des propos ou à des attitudes racistes. Après l’Autriche, Jacob empruntait un train pour la France qui fit une escale d’un jour en Allemagne. Toutefois, le voyage de Jacob n’aura pas été parsemé que de difficultés, car il fit de belles rencontres et connut quelques moments Le parcours migratoire et ses réalités de joie : « En Autriche, j’ai fait la rencontre de nombreux amis avec qui nous organisions des matchs de football ou encore d’autres activités ludiques » dit-il, d’un air tout évasif avec un sourire. 

Jacob exilé afghan, lors de son premier jour en France
Jacob lors de son premier jour en France

Metishima, du soutien moral et psychologique à l’insertion socioprofessionnelle

Comme beaucoup d’autres personnes conduites à l’exil, Jacob avait pensé que son arrivée en France était synonyme de vie paisible, de réussite, une vie de plein emploi, et surtout loin des tortures physiques et des violences morales. Il pensait donc trouver rapidement un emploi qui lui permettrait de subvenir à ses propres besoins, ainsi que ceux de sa famille restée en Iran. Cependant, même si l’on était désormais loin des tortures physiques en France, Jacob rencontrait des freins pour son insertion socioprofessionnelle. Certains étaient liés aux formalités administratives en lien avec sa régularisation (sur le territoire français) et à la non-maîtrise de la langue française. Ainsi, après presqu’une année d’attente, il obtenait “le saint grâle”. Il avait enfin le statut de réfugié en 2018, et se tournait vers plusieurs associations pour la recherche d’emploi.

Metishima en allié face aux difficultés

Face au manque de résultats positifs, à la solitude et aux conséquences des violences physiques et morales subies tout au long de son exil, Jacob sombra dans une forme de dépression et d’angoisse. C’est donc à ce moment qu’il fut orienté vers Metishima par l’une de ses connaissances. Jacob bénéficia d’un suivi médical. Il affirme : “j’ai tout de suite reçu un soutien moral et psychologique de Metishima, avec Marie qui me rendait visite sur mon lit d’hôpital”. L’apport de Metishima ne s’est pas limité à un soutien moral. Jacob bénéficia également d’un accompagnement pour une insertion socioprofessionnelle. Ce qui lui permis d’apprendre le Français et d’acquérir un emploi au terme de son traitement.

Aujourd’hui, Jacob travaille à l’hôtel Pullman, l’un des partenaires de Metishima. Il y occupe le poste d’Equipier d’étage depuis le 31 juillet 2023. A la question de savoir qu’est-ce qu’il a aimé chez Metishima, Jacob dit avoir apprécié le côté « pro réactif » de l’association. Il dira en esquissant un sourire « j’appelais même le week-end, parfois les samedis, parfois les dimanches, et il y avait toujours quelqu’un pour me répondre ».

Jacob à sa sortie de l’hôpital en 2023

Qu’envisagez-vous de faire dans l’avenir ?

Parlant des projets futurs, Jacob dit qu’il aime l’ambiance existant dans le cadre de son travail. Il évoque aussi vouloir évoluer au niveau professionnel et affirme : “pour le moment je désire avoir une maîtrise parfaite de mon poste. Ensuite, je souhaiterais connaître le fonctionnement des autres services pour une meilleure connaissance des activités d’hôtellerie”. Il émettra aussi son vœu de revoir sa famille qui lui manque tant et qui se trouve à des milliers de kilomètres de lui. Aussi, Jacob souhaiterait devenir un modèle pour tous les exilés, pour toutes les personnes qui font face dans leur quotidien à de nombreuses difficultés, pour qu’ils sachent qu’il faudrait toujours garder espoir. Enfin, Jacob, qui aujourd’hui a une certaine maîtrise de la langue française, voudrait dans l’avenir, pour leur insertion socioprofessionnelle, aider des personnes exilées qui, comme il a été, ne parlent pas Français.

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