Compétences et exil sont deux mots plus que liés. Souvent décriée comme sources des problèmes sociétaux dans les pays occidentaux, l’immigration revêt une multitude de richesses bénéfiques pour les pays européens. C’est le cas avec Anjala, une exilée sri lankaise qui nous partage son histoire.
Un contexte sociopolitique, source de peur
Arrivée en France en 2004 à la suite de la guerre civile ayant opposé de 1983 à 2009, le gouvernement du Sri Lanka dominé par la majorité cinghalaise bouddhiste, et les Tigres de libération de l’Îlam tamoul (LTTE), la vie d’Anjala n’a pas toujours été un cours d’eau calme. Dans un pays où le conflit a fait près de 100 000 morts selon l’ONU, Anjala va connaître une certaine instabilité dans son quotidien, et la perte de plusieurs membres de sa famille, victimes de cette guerre civile, ne lui facilitera pas les choses. Ce conflit a été à l’origine de multiples maux tels que la famine ou le chômage. De nombreux Sri Lankais se sentent en danger et ont peur pour leur vie. L’on assiste parfois à des scènes de pillage et de vols avec l’usage d’une grande violence.
Compétences et exil : la vie avant le conflit au Sri Lanka
Avant l’avènement du conflit sri lankais dans les années 80, Anjala passe une enfance joyeuse auprès de sa famille. Entourée de ses frères et sœurs, elle est comblée d’amour fraternel qui lui permet de toujours garder le sourire. Dans le cadre de ses études, c’est une élève brillante. Elle se fera remarquer par son intelligence dans un pays où la majorité des femmes est sous-scolarisée. Elle fait ainsi la fierté de sa famille et, après avoir obtenu un baccalauréat scientifique lui permettant de suivre différentes formations universitaires telles que la médecine ou la physique, Anjala va choisir d’intégrer la prestigieuse école polytechnique du Sri Lanka, pour des études en informatique, une discipline qui la passionne. Malheureusement son choix aura de lourdes conséquences. En effet, l’intégration dans cette école polytechnique oblige les femmes à renoncer à une vie maritale. Une condition qui va briser l’un des rêves d’Anjala, celui de fonder une famille. Ce qu’elle accepte sous la pression de ses parents. Il s’en suivra donc une révolte muette.
Au sortir de sa formation d’ingénieure en informatique, Anjala va travailler dans le secteur de l’aéronautique pendant 7 ans, où elle mettra en avant son savoir-faire. Elle va acquérir une forte expérience qui lui permettra de gravir des échelons au sein de son entreprise employeuse. Mais en 2003, la guerre civile au Sri Lanka atteint son paroxysme. Face à l’euphorie de violence toujours grandissante dans un pays où certains droits ne sont pas reconnus aux femmes, Anjala est contrainte de quitter sa patrie à la recherche d’un avenir meilleur.
Les réalités de l’exil, de la reconnaissance des compétences et les difficultés liées
Avant son arrivée en France, Anjala connaîtra diverses expériences dans différents pays dans lesquels elle fera de nombreuses rencontres. Ainsi, après avoir quitté le Sri Lanka, elle fera tour à tour escale en Allemagne, puis en Hollande et enfin en France. Elle découvre de nouvelles cultures qui changent sa perception de la vie.
Au Sri Lanka, si sa condition de femme ne lui permettait de bénéficier des mêmes droits que les hommes, ce n’est pas le cas dans ce nouveau monde dans lequel elle peut réaliser les rêves qu’elle avait été obligée d’abandonner. Ainsi, à la suite d’une rencontre amoureuse, Anjala se marie en 2005, une union qui donnera naissance à deux enfants âgés aujourd’hui de 18 ans et de 15 ans, et respectivement inscrit en 2ème année universitaire pour le premier et au lycée pour le second. Toutefois, la vie d’Anjala en France n’aura pas toujours été facile. A son arrivée, elle fait face aux lourdeurs administratives qui ne lui permettent pas d’être régularisé pendant deux ans, période après laquelle elle obtient un avis favorable pour sa demande d’asile. Durant cette période difficile, elle perd l’un de ses frères resté au Sri Lanka, ce qui l’affecte émotionnellement.
L’insertion professionnelle d’Anjala : un besoin de valoriser compétences et exil en entreprise
Sur le plan professionnel, la non-maîtrise du Français devient un important frein. Il vient s’ajouter à la difficulté à pouvoir mettre en avant ses compétences acquises dans le domaine de l’informatique. Anjala se trouve donc obligée de faire de “petits boulots” pour survivre. C’est ainsi qu’elle occupera de 2014 à 2015, le poste de responsable de rayon dans un magasin Carrefour City, après avoir été orientée par Pôle Emploi. De 2015 à 2016, elle occupera un poste d’informaticienne à la SNCF où elle travaillera sur la présentation virtuelle des nouvelles constructions de l’entreprise dans la métropole parisienne.
Jouissant de nombreuses compétences dont le Web Design, Anjala en 2023, procède à la refonte du site web de l’association Metishima qui l’accompagne déjà dans le cadre de son insertion socioprofessionnelle. Aujourd’hui, Anjala est toujours à la recherche d’un emploi stable. Un emploi qui lui permette de valoriser ses compétences. Anjala est indéniablement une richesse issue de l’immigration.
Comme elle, de nombreux talents accompagnés par Metishima possèdent de multiples compétences, dans différents domaines. Elles peuvent ainsi être bénéfiques dans une société en quête d’une main d’œuvre souvent qualifiée. Après avoir constaté les compétences de ces talents accompagnés par Metishima, il est légitime de se demander si l’immigration ne représente pas également une précieuse contribution à la société française.