La valorisation des compétences est souvent gage de stabilité morale et de reconnaissance chez de nombreux individus. La non prise en compte des compétences est généralement une source de manque de confiance en soi. En France, de nombreux migrants arrivent avec des connaissances qui ne sont pas toujours valorisées par les employeurs. Il s’ensuit le phénomène du déclassement, une réalité pour les immigrés et exilés.
C’est une réalité à laquelle Ferroudja fait face. Elle est une jeune architecte algérienne, arrivée en France en 2019, et dont le savoir tarde à être valorisé dans un secteur dynamique qui nécessite un savoir-faire comme le sien. Son histoire est un témoignage du déclassement qui impacte de nombreux immigrés et exilés ayant des acquis. Elle est une preuve de courage et de ténacité devant des épreuves.
“L’Algérie : ma terre natale”.
Ferroudja naît en Algérie et grandit dans une famille nombreuse où l’éducation est un élément capital. Avec des parents qui accordent une importance à l’enseignement scolaire, Ferroudja, très vite, s’intéresse aux études. Elle intègre l’école primaire dans le département de Tizi Ouzou où elle suit un parcours sans interruption. Elle débutera le secondaire au sein du lycée Maatkass dans le même département. Amoureuse des chiffres, elle choisit une filière scientifique et obtient son baccalauréat en 2002.
Une expérience universitaire et professionnelle riche.
Le parcours universitaire.
Après l’obtention du bac, Ferroudja intègre l’université d’architecture Mouloud Mammeri dans la faculté de génie de la construction. C’est une décision qui vaut de nombreuses critiques à cette amatrice de beaux monuments. En Algérie, l’architecture est majoritairement « le domaine de la gente masculine ». Loin de baisser les bras, sa détermination lui donne raison. En 2008, elle obtient son diplôme d’ingénieur en architecture. Elle se spécialise dans la bioclimatique, un domaine en pleine évolution en ces temps. Dès lors, les portes du monde professionnel s’ouvrent à la nouvelle diplômée.
Le monde professionnel : de nouvelles connaissances acquises.
En 2009, après l’obtention de son diplôme d’ingénieur, Ferroudja débute sa profession au sein du bureau d’étude CARTECH. Très vite, elle s’implique dans un projet en lien avec la conception d’un monument de protection civile. Son implication et la qualité du travail lui valent la confiance de ses supérieurs qui l’impliquent dans de nombreux autres projets. C’est dans ce cadre que, sur le plan architectural, elle participe à la construction des pavillons et de nombreuses maisons. Elle intègre plus tard la direction de l’urbanisme du département de Tizi Ouzou, où elle met son savoir-faire en pratique jusqu’en 2019.
Les causes du départ de l’Algérie.
En 2019, alors que tout semble parfait sur le plan professionnel, elle rencontre d’énormes problèmes de santé. Bien qu’elle ait la volonté de travailler, son état de santé se dégrade considérablement et impacte son emploi. Obligée, elle prend une pause pour se soigner. Après avoir consulté différents médecins, elle ne connaît toujours aucune amélioration. Sur les conseils de sa famille, elle décide de partir en France pour y trouver guérison.
Le déclassement : la France, une nouvelle réalité.
En France, Ferroudja connaît un début d’espoir à la rencontre de nombreux médecins spécialistes. Son état de santé s’améliore peu à peu. Toutefois, ses progrès vont connaitre un frein. Ferroudja avait un visa court séjour qui ne lui permettait pas de résider pendant une longue période sur le territoire français. Malgré, l’appui de son médecin, la demande de prolongation de son visa échoue.
Ne pouvant abandonner son traitement, elle se retrouve dans une situation irrégulière en France. C’est le début d’une nouvelle vie pleine de turbulences et de tracasseries administratives. Parallèlement, Ferroudja éprouve des difficultés pour trouver un logement convenable. Elle poursuit son traitement et son état de santé s’améliore.
En 2022, sa situation administrative se régularise. Elle peut dès lors suivre son traitement sans se soucier d’une expulsion. Suite à l’amélioration de sa santé, elle décide de chercher un emploi pour subvenir à ses besoins. Compétente et travailleuse, elle sait que son expérience d’architecte lui ouvrira des portes. Mais c’est sans connaître le phénomène du déclassement, une réalité pour les immigrés et exilés.
Après l’envoi de plusieurs candidatures, elle ne reçoit aucun retour positif. C’est un coup dur pour son moral et la confiance en elle-même. Contrainte, elle effectue des petits boulots pour payer ses factures.
Le déclassement : le combat de Metishima.
En pleine tourmente et dans le désarroi de ne pas trouver un emploi, Ferroudja fait la rencontre de Metishima. Une nouvelle page de sa vie s’ouvre et elle intègre son dispositif d’accompagnement. Elle assiste à plusieurs ateliers qui lui redonnent la confiance en elle, ainsi que la connaissance de l’environnement professionnel français. A travers les connaissances acquises lors des ateliers, elle adopte une nouvelle méthode pour candidater. Son profil attire l’attention d’un employeur qui la contacte pour un entretien. Malheureusement, sa candidature n’est pas retenue. Ferroudja ne baisse pas pour autant les bras et continue sa recherche d’emploi. Aujourd’hui, elle espère toujours mettre ses compétences au service d’une entreprise désireuse d’avoir une nouvelle vision architecturale.
Conclusion.
Comme Ferroudja, de nombreux immigrés et exilés arrivent en France avec des compétences et connaissances qui nécessitent d’être valorisées. Cependant, de nombreux stéréotypes les présentant comme des personnes sous qualifiées empêchent leur recrutement dans différentes entreprises. A cet effet, il est important de rappeler dans cet article, que le savoir-faire ne dépend pas toujours des origines ou de la couleur de peau, mais bel et bien des connaissances d’une personne. Par conséquent, il est temps de valoriser les compétences venues d’ailleurs.