Si l’on a souvent considéré l’auto entrepreneuriat comme un domaine réservé à la gente masculine, cela n’est plus le cas aujourd’hui. Selon l’INSEE, on dénombre 40% de femmes investies dans l’auto entreprenariat. Ce sont des chiffres qui montrent bel et bien la volonté de la gente féminine de lutter contre le chômage, et de participer à l’économie de la France. C’est l’occasion pour Metishima de mettre les femmes à l’honneur. A cet effet, l’association célèbre les femmes artisanes ayant participé à la 1ère édition de la course solidaire, la Metishima Run.
Spécialisées dans différents domaines de l’artisanat, ces femmes ont su émerveiller le public par leur savoir-faire et la qualité de leurs produits. Dans cet article, nous procéderons à une présentation de ces artisanes qui ont su mettre en avant leur passion au service d’un objectif économique.
L’auto entreprenariat : de l’exotisme vers un voyage culinaire, Mariana Torres nous parle de sa passion.
Arrivée en France en 2014, Mariana Torres est une jeune cheffe cuisinière de 26 ans originaire du Mexique. Spécialiste de la cuisine mexicaine, elle a su la promouvoir en gardant le secret des recettes familiales. Pourtant, son parcours académique ne lui prédisait pas un avenir dans le domaine culinaire. Avant son arrivée en France, Mariana a fait des études universitaires dans le domaine du théâtre, et son arrivée dans le pays de Molière s’inscrivait dans la continuité de ses études entamées au Mexique.
Comment avez-vous atterri dans le domaine culinaire ?
“Il est important de préciser que la cuisine a toujours été une passion que je réalisais dans le cadre familial tout en poursuivant mes études. Cependant, c’est lors de mon apprentissage du Français, et des nombreuses découvertes lors d’un job étudiant dans un resto que j’ai eu un déclic pour cette passion de l’art culinaire, jusque là enfoui en moi. Je pouvais ainsi exercer une activité que j’aimais tout en apprenant une nouvelle langue avec des collègues qui m’aidaient à m’améliorer”.
D’où vous est venue l’idée de vous investir dans la cuisine mexicaine bien que résidant en France ?
“En effet, lors de mes expériences dans de nombreux restaurants parisiens, j’ai constaté qu’il y avait une méconnaissance de la cuisine mexicaine. Cela avait pour conséquence, une mauvaise représentation de cette cuisine, souvent jugée par certains comme peu saine. Cette situation m’a donc poussé à me retourner vers les recettes familiales en proposant des plats mexicains sains, et qui concourent au bien-être.
Ainsi, pour enrichir son expérience et renforcer ses connaissances, Mariana ira en Thaïlande où elle ouvrira son premier restaurant. Elle y passera 4 ans avant de revenir en France.
Quelles sont les grandes difficultés auxquelles vous avez fait face?
En réponse à cette question, Mariana nous avoue qu’elle a connu de la réticence venant de nombreuses personnes, à s’ouvrir à une nouvelle culture. Elle affirme qu’elle a plus vécu ce phénomène en Thaïlande.
L’autre grand obstacle auquel Mariana a dû faire face, est la difficulté à pouvoir dénicher les points de ravitaillement des matières premières. En effet, l’une des particularités de sa cuisine est qu’elle utilise des produits agricoles frais, dépendant parfois des saisons. Il s’avère donc souvent difficile, en tant que nouvel arrivant dans un milieu, de bien s’orienter et trouver des endroits où on peut trouver la matière première de façon permanente.
Par ailleurs, le manque d’un diplôme en cuisine, bien qu’ayant une bonne maîtrise de la cuisine mexicaine, reste un obstacle pour la réalisation de son activité. Pour pallier cette difficulté, Mariana nous affirme se constituer un carnet d’adresses, et procéder à des livraisons aux amoureux de sa gastronomie.
Diriez vous que vous bénéficiez des mêmes avantages que les hommes ?
“Si sur le plan légal il existe une égalité, ce n’est pas toujours le cas dans la pratique. En effet, il y a souvent une formulation de propos déplacés envers les femmes, de la part de certains hommes. Toutefois, cette situation tend à changer. Aussi, le fait que je sois à mon propre compte, limite la possibilité d’exposition à ce type de propos”.
Qu’est-ce qui vous plaît dans le domaine culinaire ?
“Ma capacité à me dépasser, à imaginer et à inventer de nouvelles recettes sont quelques éléments les plus passionnants dans ce métier. J’arrive à laisser ma créativité s’exprimer sans subir une pression externe. Aussi, le fait d’être au contact des clients est quelque chose d’agréable. Les clients vous permettent d’avoir un retour sur vos productions, car ils sont les principaux consommateurs. Ils vous poussent à vous améliorer continuellement, et à être innovante”.
Quels conseils donneriez -vous à d’autres personnes intéressées par ce métier ?
“Il faut aimer et avoir de la passion par ce que l’on fait. La restauration est un métier qui peut vous assurer un certain revenu, mais il faut être patient. Certaines personnes pensent à en tirer très tôt des bénéfices, mais ce n’est pas toujours évident. Il faut également être prêt à affronter des difficultés et gérer son stress”.
L’auto entreprenariat : “J’ai fait de ma passion un métier”, Toussaint Magalie nous parle de son amour pour l’artisanat.
Après 10 ans au poste d’infirmière en psychiatrie, Magalie décide de mettre un terme à son ancien emploi. Elle affirmera “j’ai décidé d’arrêter pour des raisons personnelles. J’ai ensuite rejoint mon mari qui avait eu une promotion dans le cadre de son travail en Afrique”. Elle y vivra ainsi quelques années. A son retour de l’Afrique, Magalie se lance dans le métier de l’artisanat et se spécialise dans la production d’objets à base de textile. Elle fabrique des sacs en textile sous différents modèles qui attirent de nombreux publics et amateurs de belles créations.
Qu’est-ce qui vous a conduit au métier d’artisan ?
En réponse à cette question, Magalie nous confie que sa principale motivation a été sa passion pour la création de nouvelles choses. N’ayant suivi aucune formation cadrant avec les métiers de l’artisanat, elle a toujours eu la fibre d’une créatrice qu’elle a voulu mettre en application pour montrer son savoir-faire.
Quel est votre processus de production ou de création ?
“Il faut savoir qu’il est difficile d’accéder à certaines matières premières du fait de leur rareté ou du coût élevé. Aussi, la réalisation de certains produits utilisés dans mes créations prennent assez de temps si je m’en occupe personnellement. Pour surmonter cette difficulté, il m’arrive de chiner pour accéder à ce que j’utilise dans mes créations. Après avoir eu tous les éléments ou la matière première nécessaire, je laisse cours à mon imagination et à ma créativité”.
Quelles sont les difficultés rencontrées dans le cadre de votre activité ?
“A ce que je me souvienne, la grande difficulté a été ou est d’ordre financière. En effet, à la suite de la crise covid 19, nous avons eu d’énormes problèmes. Ainsi, nous travaillons 4 fois plus pour le même revenu. Aussi, nous éprouvons des difficultés à nous faire connaître. En effet, nous ne disposons pas d’un budget élevé pour allouer une partie à la communication. Parfois, en nous rapprochant des boutiques pour écouler plus facilement nos produits. Malheureusement, ces enseignes connues nous prennent 40% du prix des ventes. Ce qui ne tient parfois pas compte des efforts fournis. Enfin, exerçant mon activité de la maison, il est parfois difficile de travailler sans que mes enfants ne viennent m’interrompre”.
Diriez vous que vous avez les mêmes chances que les hommes ?
“Non, je ne pense pas que les femmes et les hommes aient des chances égales dans cette activité. Je crois qu’il existe encore un modèle patriarcal, qui pourrait même s’observer sur les articles produits”.
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre activité ?
“Tout d’abord, le fait de m’investir dans ce qui me passionne est largement gratifiant. J’ai l’occasion de gagner de l’argent tout en éprouvant du plaisir. L’autre l’aspect plaisant c’est la créativité. Je peux imaginer des choses et les produire sans subir une pression externe”.
Quels conseils donneriez vous à une personne qui souhaite exercer la même activité que vous ?
“Je dirais qu’il faut de la passion et de la motivation. Il est parfois facile de vendre ses créations, mais est aussi difficile de vivre de l’activité artisanale. Le salaire ne reflète pas souvent les efforts fournis dans le cadre de la création. Ainsi, toute personne voulant se lancer dans cette activité doit bien penser son projet. C’est parfois important d’avoir une autre activité à côté ou un partenaire lorsqu’on commence, surtout en cas de manque de notoriété. On jouit des bénéfices découlant de son travail plus tard, d’où la nécessité d’être patiente”.
L’auto entreprenariat : “Mon métier est avant tout, ma passion”, Julie Gassmann nous raconte sa passion pour les bijoux.
Originaire de la région parisienne, Julie Gassmann est une grande amatrice de bijoux. C’est donc un amour qu’elle a su transformer en un métier en devenant une artisane créatrice de produits dès l’âge de 21 ans.
D’où émane votre passion pour l’artisanat et particulièrement pour les bijoux ?
“Il est important de préciser que j’ai toujours eu de la passion pour les bijoux depuis mon enfance. Mais c’est en suivant mon cousin, et en l’observant travailler sur les bijoux que mon amour pour ce métier est devenu plus fort. Je commençais ainsi à envisager d’en faire un métier, juste en regardant cet artiste”.
Avez-vous suivi une formation pour ce métier ?
“Bien que passionnée, il me paraissait évident qu’il fallait suivre une formation pour renforcer ma connaissance des bijoux et du métier d’artisane”. Ainsi, la volonté à pourvoir exercer un métier et sa passion pour les bijoux vont conduire Julie, dès 2003, à suivre une formation de 4 ans. A l’issue de cette formation, elle obtient en 2008, un BMA (Brevet des Métiers d’Art en bijouterie) et se lance par la suite dans les métiers d’artisanat. Créatrice talentueuse et confirmée, elle souhaite que ses productions portent son nom. En 2020, Julie lance ainsi sa marque, et ses créations dès lors portent son nom : “Julie Gassman”.
L’accès à ce métier a-t-il été facile ?
“Pour moi, je ne parlerai pas de difficultés à l’accès, parce que quand on aime, c’est facile. Toutefois, on peut rencontrer des difficultés au cours de son travail”.
Parlant des difficultés, quelles sont celles auxquelles vous avez fait face ?
“L’une des grandes difficultés est de me faire connaître. En effet, contrairement aux grandes marques qui détiennent d’importants moyens alloués à la communication, je travaille à mon propre compte. Par conséquent, je ne dispose pas d’importants moyens financiers que je peux allouer à la communication. L’autre grande difficulté est liée à certaines personnes qui vendent des bijoux de mauvaise qualité ou contrefaits. Cela pourrait véhiculer non seulement une mauvaise image des artisans sérieux, ou encore limiter nos bénéfices ou rendements”.
Diriez vous dans votre métier que les femmes bénéficient des mêmes avantages que les hommes ?
“En ce qui me concerne, je rencontre plus de femmes que d’hommes dans ce métier. Je dirai qu’il y a un équilibre entre les femmes et les hommes. Toutefois, il y a des clients principalement attirés par les créations des hommes”.
N’éprouvez vous pas des difficultés à trouver des bijoux ?
“Aujourd’hui pas vraiment, car je sais maintenant où s’approvisionner. J’ai des fournisseurs à Paris qui vont de plus en plus chercher des pierres ou des bijoux dans d’autres pays. Cela est moins coûteux pour moi, car cela m’épargne en frais de déplacement”.
Au-delà des difficultés, qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier ?
“Comme je disais, c’est une passion. L’aspect le plus plaisant dans ce métier pour moi est la créativité. Je peux laisser libre cours à ma créativité, à mon imagination, et proposer de meilleurs produits au public sans avoir une contrainte extérieure. L’autre aspect que j’aime est lié aux événements lors desquels on est directement en contact avec le public. Cela permet également de faire découvrir son savoir-faire”.
Quels conseils donneriez vous aux personnes souhaitant s’investir dans ce métier ?
“Je dirai qu’il faut de la passion. Il est important de suivre une formation et bien élaborer son projet avant de s’investir. Il faut être en mesure de surmonter les obstacles, parce qu’il y en aura toujours”.
Conclusion :
En définitive, le parcours des trois artisanes est un exemple de volonté et de courage dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et le chômage. Ces véritables forces de la nature, par leur vécu, viennent bouleverser la conception de milliers de personnes. Ainsi, il ne suffit pas seulement de travailler pour un employeur pour réussir. On peut également “se lancer à son propre compte” et “gagner sa vie”. Par ailleurs, tel que l’a mentionné Julie Gassmann, il faut bien penser son projet. En effet, il ne s’agit pas de s’investir par pur mimétisme, mais de