L’on ne choisit généralement pas dans quel milieu et dans quel contexte naître ou grandir. Quand bien même un sentiment patriotique nous anime, l’obligation de quitter notre pays s’abat inévitablement sur nous. L’histoire de Mahdi témoigne d’un exemple de volonté qu’ont de nombreux exilés à participer au développement de leurs pays. Malheureusement, certains doivent impérativement partir. Depuis sa tendre enfance, il n’a cessé d’emprunter le chemin de l’exil pour la survie et l’espoir. Il a toujours dû se déplacer d’un pays à un autre. Arrivé en France en 2021, il nous livre dans cet article, les différentes expériences qui ont forgé sa personnalité.
La vie de Mahdi avant la France.
Originaire d’Afghanistan, Mahdi est un réfugié âgé de 40 ans dont la vie a connu de nombreux rebondissements. Il naît à Baghrlân une ville agricole de la région du nord connue pour sa culture du riz. Sa montagne Soleng y attire la curiosité des amoureux de la nature. A peine âgé de 2 ans, Mahdi et sa famille doivent obligatoirement de quitter l’Afghanistan pour des raisons politiques et la guerre.
Sa famille et lui s’installent en Iran. Il passe la majeure partie de sa jeunesse bénéficiant de tout l’amour dont il a besoin. En Iran, il débute tardivement ses études à la différence des jeunes de son âge. C’est une situation qui ne le décourage pas. Il s’adonne corps et âme à la quête du savoir. Élève brillant, Mahdi obtient son Bac à l’âge de 22 ans à l’école des réfugiés d’Iran. Bien qu’il n’ait réellement pas connu sa terre natale, il garde un lien très fort avec ses origines. Il fait le choix de retourner tout seul en Afghanistan pour continuer ses études supérieures en 2007.
La parcours académique et professionnel de Mahdi.
Mahdi obtient une licence en relations internationales en 2011 à l’université d’Afghanistan. Sa volonté de servir son pays le conduit à intégrer le ministère des affaires étrangères d’Afghanistan en 2012. Il continue simultanément ses études et à occuper ses fonctions comme employé dans ce ministère. En 2014, Mahdi obtient un master en relations internationales. La même année, il est affecté à l’ambassade d’Afghanistan en Chine. Pendant une année, il parvient à enrichir son expérience dans ce domaine qui le passionne énormément.
De retour en Afghanistan, il retrouve son ministère d’origine. Parallèlement, il décide de partager son expérience en tant qu’enseignant d’université. Malheureusement, avec l’arrivée des talibans au pouvoir, le contexte politique devient trouble. La liberté d’expression et de penser deviennent dès lors des droits inexistants. A cause de deux livres sur terrorisme qu’il avait écrit quelques temps avant le changement de régime, Mahdi reçoit plusieurs menaces. Ses publications ne sont pas au goût des nouveaux dirigeants. Craignant pour sa vie, en 2021, il décide de quitter l’Afghanistan. Il est à obligé d’emprunter le chemin de l’exil pour la survie et l’espoir. Il prend la fuite vers le Pakistan voisin où il obtient un visa pour la France après 76 jours. C’est le début d’une nouvelle étape de sa vie.
Le chemin de l’exil pour la survie et l’espoir : la France, une terre d’accueil.
Mahdi considérait la France comme le signe de l’espoir et d’un renouveau départ, sans connaitre les nouvelles difficultés qu’elle cachait. Il fait face aux problèmes de différents ordres qui affectent son quotidien. Mahdi étant arrivé avec un visa court séjour, doit entreprendre de nouvelles démarches administratives pour bénéficier du statut de réfugié. C’est une situation qui n’est pas aisée pour un nouvel arrivant ayant une méconnaissance de la langue du pays d’accueil. Bien qu’ayant une maîtrise de l’Anglais, Mahdi ne connaît personne pour l’orienter à son arrivée. Avec des ressources financières insuffisantes, il peine à bien se loger et à se nourrir. C’est dans ce contexte qu’il fait la rencontre d’un vieil ami qui lui ouvrira les portes de son logement. Il est aujourd’hui à la recherche d’un logement. Le logement actuel devient étroit pour plusieurs adultes.
Une insertion socioprofessionnelle difficile sans la maîtrise des codes.
En 2022, Mahdi connaît un nouveau tournant dans sa vie. Il obtient le statut de réfugié après une année d’attente. Il peut dès lors exercer un emploi. A la fin de l’année 2022, il commence l’enseignement d’un cours à Sciences Po Paris. En 2023, Mahdi souhaite continuer ses recherches et partager son savoir. A cet effet, il intègre le cycle doctoral à l’Inalco. Par semaine, il donne 2 heures de cours comme enseignant doctorant à Sciences Po. Malheureusement, les revenus enclenchés comme enseignant doctorant ne lui permettent pas de subvenir à ses besoins. Il décide dès lors de chercher un emploi. La difficulté à trouver un emploi va le conduire à la rencontre de Metishima.
La rencontre avec Metishima, une nouvelle façon de penser “insertion”.
De nombreux exilés, bien qu’ayant d’importantes compétences, ont souvent de la peine à s’intégrer dans un nouveau territoire. La méconnaissance de la langue et des codes sont quelques freins qui n’ont pas épargné Mahdi. En 2024, il fait la rencontre de Metishima et intègre son dispositif d’accompagnement. En collaboration avec l’équipe de Metishima, il monte un projet professionnel. Une stratégie pour la recherche d’emploi est adoptée. Les différents entretiens individualisés et ateliers lui permettent d’avoir une connaissance des codes de l’environnement français. Il suit les cours de Français pour parfaire son insertion socioprofessionnelle. Mahdi avoue sa satisfaction suite à sa rencontre avec Metishima. Elle lui permet de mieux s’intégrer, et d’avoir une meilleure connaissance de l’environnement français.
Comment envisagez vous l’avenir ?
A la question de savoir comment il envisage son futur, Mahdi donne une réponse précise. Il souhaite trouver un emploi qui cadre avec son domaine et lui permette de subvenir à ses besoins. Au delà, il souhaite mettre son expérience au service du gouvernement comme fonctionnaire. Il souhaite écrire des livres et être un exemple pour d’autres qui n’ont pas eu une vie facile.
Conclusion :
Pour finir, l’histoire de Mahdi nous montre qu’il y a toujours de la force en chacun de nous. Elle est une réelle preuve que l’immigration est une richesse à travers sa volonté à partager son savoir. Par la même occasion, elle nous montre la nécessité de soutenir l’accompagnement pour un meilleur usage des compétences des exilés. Comme lui, de nombreux autres exilés détiennent des savoir-faire qu’il faut mettre en valeur. Face aux politiques anti immigration, il est important de se poser des questions : l’immigration n’est-elle pas bénéfique pour nos Etats ?